Un saraf est un changeur de monnaie qui opère dans des systèmes financiers informels, comme le hawala. Utilisé au Moyen-Orient et en Asie du Sud, un saraf facilite les transferts de fonds entre différents pays sans passer par les systèmes bancaires classiques.
Ce système repose sur la confiance mutuelle entre les sarafs et sur leur réputation bâtie au sein de leur milieu. La réputation d'un saraf est son atout principal, et la confiance dans ce réseau est essentielle à son bon fonctionnement. Trahir cette confiance peut entraîner des conséquences graves. Les transferts de fonds illicites les plus efficaces en 2024 passent encore par la confiance, comme au moyen-âge.
Le hawala, que les sarafs utilisent souvent, permet de transférer de l’argent sans que celui-ci ne soit physiquement déplacé, ni en cash ni par transfert bancaire, d’un pays à l’autre.
L’argent est remis à un Saraf dans un pays, et un autre Saraf, situé dans le pays de destination, remet l’équivalent au bénéficiaire. Aucun transfert bancaire ne se produit, mais les valeurs sont transférées. En échange de ce service, le Saraf prélève une commission sur le montant transféré. Ce pourcentage permet aux Sarafs de se rémunérer pour leur rôle d'intermédiaire et pour la gestion des risques.
Prenons l'exemple de Georges, un trafiquant de drogue en France, qui a 1 000 000 $ en liquide et veut que cet argent soit placé au Panama sans passer par le système bancaire. Georges contacte Éric, un Saraf en France, et lui remet la somme en liquide. Éric a un partenaire Saraf au Panama, Luis, qui va remettre l'équivalent en dollars américains à un bénéficiaire là-bas, disons, en espèces ou sur un compte bancaire local.
Georges remet donc l'argent à Éric : Éric, en tant que Saraf en France, prend la somme et inscrit la transaction dans son registre informel . Éric prélève une commission de 5 %, ce qui laisse
950 000 $ pour le transfert.
Éric contacte Luis au Panama : Éric demande à Luis de remettre l’équivalent de 950 000 $ au bénéficiaire de Georges au Panama. Luis réalise le paiement, sans transfert repérable entre la France et le Panama.
Maintenant, Éric doit à Luis 950 000$. Cette dette sera réglée plus tard, soit par des transferts futurs, soit par d'autres transactions où Éric aura besoin de Luis pour faire un paiement similaire dans une autre direction, ou encore par des échanges de biens ou de services.
Et voilà, tout se passe dans l’ombre, sans trace, sans bruit, depuis un petit magasin près de chez vous.
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