Voir des fraudes et des fraudeurs partout est révélateur de ce que nous sommes parfois devenus : Des accros à la facilité, intolérants à la responsabilité.
C’est quoi un fraudeur ? :
Un escroc ? Ou un voleur ? Ou un menteur ? Ou un opportuniste ?
Ou bien est-ce tout simplement celui à qui nous attribuons à tort les causes de nos déceptions ? Le cas de #TerraLuna demeure exemplaire en 2023.
Do Kwon, le fondateur de Terra-Luna est poursuivi par la SEC depuis 1 mois, en fuite ou supposée fuite, il est recherché par Interpol et objet de la haine durable de centaines de milliers d’investisseurs ruinés pour avoir pris une seule décision.
Quelle décision ? : Prendre un risque non calculé.
Or si on prend un risque non calculé on abandonne alors une partie du droit de se plaindre.
(Je retire de ma remarque toutes les personnes âgées et retraitées qui ont été influencées par leur famille ou amis, souvent sincères, et ceux dont un membre de la famille aurait connu une fin tragique)
Mais peut-on qualifier de fraude et de #fraudeur toute opération financière qui déçoit nos attentes ? Ce serait une démonstration de notre propre perte de conscience, de courage, de responsabilité.
Albert Camus disait: “Mal nommer les choses, c'est ajouter du malheur au monde”,
Alors qu’est-ce qu’un vrai fraudeur ?
Il utilise du mensonge, de la fausse représentation, du vol, des faux documents, de l’usurpation d’identité, et autres faits, rien que du factuel. Il doit être combattu et mit hors d’état de nuire. Ça c’est un fraudeur ! ( Et Bernard Madoff demeure une star en ce domaine, bien avant les crypto, sans #IA très bien illustré par une série sur Netflix).
Mais si un projet est applaudi aussi longtemps qu’il donne satisfaction à court terme et jugé dangereux et irresponsable lorsque tout s’effondre , alors la fraude n’est pas démontrée par l’échec. Sinon bien des start-ups seraient illégales.
Depuis le 23 février 2023, le fondateur de la blockchain Terra Luna est accusé par la Securities and Exchange Commission (SEC) des Etats-Unis d’avoir orchestré une fraude de 42 milliards de $ et cela a replacé le sujet Terra-Luna-Terra USD sous les projecteurs.
L’accusation porte sur la non-divulgation d’informations obligatoires, d’avoir tenté de maintenir la confiance par des déclarations faussement rassurantes et avoir manipulé les cours de cryptoactifs, de ne pas avoir enregistré des transactions de manière conforme et transparente. Trois accusations dont deux peuvent être éventuellement démontrées (on verra bien ) et une de ces accusations relève de perceptions.
Cela n'absout nullement Do Kwon d'avoir fait la promotion d'une projet de stable coin algorithmique fragile et bancal et plusieurs malversations sont évidemment dénoncées et documentées...
Mais … et nous ?
- Si un airdrop crypto ou NFT envoyé par un scammer, ou si un Pump and Dump, ou un Rugg Pull, vous a quand même permis de faire des gains en 48 h , allez-vous qualifier le projet de fraude et le scammer de fraudeur ? Peut être pas ! Et pourtant vous saviez que c’était suspect et vous aviez acheté et revendu juste à temps en laissant les suivants subir la chute.
- Si vous avez spéculé, dans un objectif de discrétion fiscale, sur un projet suspect, qui finit par se planter peu après vos reventes et vos gains ? allez-vous qualifié le projet de fraude ? Non, vous resterez peut-être silencieux.
- Si vous avez acheté et revendu du Terra crypto, juste à temps, avec profit, considérez vous Do Kwon comme un fraudeur ?
On qualifie souvent de fraudeur celui qui déçoit nos certitudes, sans chercher à en savoir davantage.
Bien sûr les fraudeurs existent, ce sont des voleurs habiles, talentueux et opportunistes, des artistes techniquement admirables et moralement et légalement condamnables. C’est notre travail , dans notre agence de les traquer.
Pour traquer efficacement les vrais fraudeurs, il faut nommer les choses correctement et être en position de les nommer avec certitude. Donc ne pas qualifier instantanément de fraude tout ce qui dérange nos certitudes et nos espoirs.
Encore une fois, Albert Camus disait : ‘’Mal nommer les choses, c'est ajouter du malheur au monde.’’
(FRAUDE n. f. XIIIe siècle. Emprunté du latin fraus/ fraudis, « tromper pour détruire ». Action accomplie de mauvaise foi pour nuire à une personne ou une collectivité.)
Qualifier aventureusement de fraude tout ce qui ne marche pas, c’est ajouter du malheur au monde, car ce serait faire croire au monde que le risque, la perte, l’échec sont impossibles et donc ne peuvent être que de la fraude.
Une humanité intolérante à tout risque vivrait dans l’illusion que la déception et le malheur sont devenues illégales. Mais cela ne marche pas comme ça. Les déceptions et les malheurs font aussi partie du monde légal.
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