L'affaire commence le 10 septembre 2022, lorsqu'un propriétaire d'entreprise entre dans un restaurant Normandin pour acheter un plat à emporter.
À son arrivée, juste après la fermeture, il est choqué par ce qu'il perçoit comme une activité intime inappropriée sur un lieu de travail commise par deux employés sur une banquette du restaurant.
Il pète un câble, s’insurge avec arrogance, sacre, refuse l’achat de son silence en échange d’une pizza, se vante de faire 400 000 piasses par mois et ne pas voir de leçons à recevoir d’employés gagnant 15 $ de l’heure, etc. Mais son comportement outré et son style caricatural sont filmés à son insu et deviennent une vidéo virale sur Facebook.
Cette viralité provoque des trombes d’insultes à son égard, des menaces de mort l’atteignent ainsi que sa famille. L’enfer des réseaux sociaux s’abat sur lui et sur son entreprise qui vacille.
Les médias officiels, les radios, etc... Le présentent comme un enragé, etc…
Il se défend et contre-attaque en justice pour diffamation, mettant en cause la personne qui a diffusé la vidéo le faisant paraître comme une brute infréquentable, le pire des boss et un entrepreneur à éviter à tout prix. Il ne gagne pas, mais la cause est représentative de situations de plus en plus fréquentes.
Avec mon œil de détective, je vois :
- Qu’une vidéo virale ou non, n’est que le reflet imparfait d’un moment de vie. Elle ne montre ni l’avant ni l’après, ni le contexte, ni l’atmosphère, ni les regards, ni la tension. Une vidéo est un élément de preuve, utile, mais jamais suffisante pour évaluer toute une situation. Il ne faut pas croire ce que l’on voit et entend, mais plutôt s’en servir pour comprendre. Les réseaux sociaux ne facilitent pas cette compréhension, car ils vivent dans le jugement instantané.
- Que les tribunaux médiatiques ont une force de destruction incroyable. Dès que des médias se jettent sur une proie, ils la déchirent. Paul Arcand, le 12 septembre 2022, à la radio, commente l’incident en faisant référence au terme ‘’enragé’’ et au film La chute (the Downfall1993) où le personnage principal devient un tueur en série après s’être fait refuser un déjeuner à 11h34. Paul Arcand était la personne la plus influente et écoutée du Québec… vous imaginez la destruction réputationnelle.
Et avec ce que je vois, je conclus que toute personne jetée en pâture dans les médias sociaux après un incident (même si elle est responsable de l’incident) n’a aucune chance sauf à documenter le préjudice et de le relier directement et intégralement à une publication.
Nos cyber-enquêtes mesurent et démontrent les impacts d’une publication négative, car ceux qui publient n’ont pas conscience des impacts et les juges parfois encore moins, et eux il faut bien les aider.
Mesurer les impacts négatifs d’une vidéo virale, nous sommes outillés pour le faire, tant avec des données quantitatives que des analyses qualitatives.
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